Soirée « Lectures contemporaines #3 » au théâtre Antoine-Vitez | Aix, le 31 mars 2018

vendredi 13 septembre 2024

Pour la troisième année, le théâtre Antoine-Vitez à Aix-en-Provence organise, le 31 mars à partir de 19h, une soirée autour de la lecture et des diverses formes de l’approcher aujourd’hui. Plusieurs textes seront donnés à entendre.


Plan d’ensemble , lecture de sortie d’atelier d’écriture mené par Sonia Chiambretto. Mise en scène Louis Dieuzayde et Sonia Chiambretto.

« Je pense à Bagdad, où l’armée américaine dressait des murs de protection pour ses camps de base, en pleine ville. Depuis les habitants construisent eux-mêmes des murs de séparation autour de leurs propre quartiers, des milices pour surveiller les entrées. La capitale est pleine de murs. Du mur de Berlin au projet de Donald Trump d’un mur entre le Mexique et les États-Unis  ; des murs virtuels de Facebook aux murs invisibles que nous construisons depuis l’enfance. Un mur ça sert à quoi ? À protéger et / ou à enfermer ? »

C’est à cette question frontalement politique que cet atelier tente de répondre poétiquement par l’écriture de textes mêlant à la fois fiction et réel, et en envisageant la page comme espace scénique / scénographique. La mise en voix sera un espace de réinvention des textes visant un rapport très immédiat entre l’auditeur et le poète, et témoignant de la relation intime entre écriture et oralité.

Les Atours du Macchabée de Ramón del Valle-Inclán, restitution de l’atelier d’Eva Hernandez avec les étudiants du secteur théâtre d’AMU sur le jeu grotesque.

Les Atours du Macchabée de R. de Valle-Inclán présente le retour dans la patrie d’un soldat épuisé par la guerre coloniale de Cuba. Au travers des rencontres qu’il fait —la pute, les notables de la petite ville, les autres soldats— et en détournant les modèles classiques, c’est l’effet délétère de la corruption, du nationalisme, du militarisme et de la religion qui sont pointés. Scène après scène, la transgression des limites et l’influence des pantins conduisent au rire. Par sa radicalité, par sa belle imagination plastique, par sa connaissance des bouleversement de la scène et par la beauté de sa langue, Valle-Inclán s’est affirmé dans les année 20/30 comme le rénovateur du théâtre espagnol et constitue l’apport le plus important de l’Espagne au théâtre du XXème s.

ENTRACTE

Convulsions de Hakim Bah, lu par Samuel Diot, Sophie Claret et Nans Merieux, élèves de l’ERAC.

Du mythe d’Atrée et de Thyeste, on sait vaguement l’intrigue : ces frères jumeaux qui tuent leur frère batard pour ne pas partager l’héritage et qui finissent par se déchirer pour le trône de Mycènes. On sait peut-être plus sûrement le legs : ce mythe grec – et la Grèce n’est-elle pas le berceau fantasmé du théâtre et de la démocratie selon notre point de vue européen ? – pourrait être la fable de notre Histoire contemporaine, celle qui dit l’Europe et la tragédie de la démocratie. Pour le voir et l’entendre, il fallait toute la puissance d’un décentrement. Hakim Bah est né à Mamou en Guinée. Il vit entre la France et son pays. Et c’est dans cet entre-deux de l’Histoire et de l’écriture que Convulsions trouve sa force. Après avoir tué leur frère, Atrée bat sa femme et la trompe avec celle du voisin. Thyeste, amoureux d’Erope finit par la séduire. Plus tard, Atrée, Erope et leur bébé se rendent à l’ambassade américaine pour effectuer les démarches nécessaires à leur installation aux États-Unis. Le test ADN obligatoire pour l’obtention du visa révèle que l’enfant n’est pas le fils d’Atrée… Dans une langue vibrante et terrible, la pièce dit les convulsions d’une histoire qui n’est pas seulement un mythe réécrit, mais plutôt le spectre insistant et cruellement contemporain de l’Histoire.

Arrête il pleut de Nathanaëlle Quoirez, extrait lu par son auteure.
Pièce écrite dans le cadre d’un master pro dramaturgies et écritures scéniques 2017.

C’est l’histoire d’Arturo et Nini. Ils ont grandi ensemble puis se sont aimés jusqu’à la mort d’Arturo. Il revient à présent pour tenter d’apaiser Nini qui ne parvient pas à surmonter cette perte. Quelle est la trace des morts dans le monde des vivants ? Et si c’était la poésie qui survivait à la destruction et à la mort ?

EXTRAIT :

« ARTURO : Je te souhaite des amours à te broyer les reins
des amours à te tenir debout
des amours d’une vie entière pénibles et durables
Je te souhaite cet insoutenable qui te rendra la vie gaie
Puisses-tu tracer des horizons brouillés qui n’appartiennent qu’à toi
Puisses-tu…
Amour je balbutie des élans
Ce sont des caresses adressées à la tentation du désespoir
Des mains poisseuses d’ammoniaque et d’urine
Des mains qui n’enfanteront jamais qu’un peu d’odeur mélancolique. »