Cendrillon de Joël Pommerat | Frédéric Poinceau

vendredi 13 septembre 2024


Représentations au Théâtre Vitez du 12 au 16 Mai

Du Mardi 12 au samedi 16 mai 2015

— Mardi, vendredi, samedi à 20h30
— Mercredi, jeudi à 19h au Théâtre Antoine Vitez (Aix-en-Provence)
À partir de 9 ans


Sandra ou « Cendrier », une jeune fille en deuil suite à la mort de sa mère se retrouve dans sa nouvelle famille recomposée. Dans la maison, elle s’inflige les corvées les plus pénibles, subissant la méchanceté de sa belle-famille. Un Cendrillon éminemment moderne, où il serait question de l’usage de la mémoire et de l’oubli, pour renaître au monde, dans la fleur de l’adolescence…

F. P.

Cendrillon (2011), est le troisième conte adapté au théâtre par Joël Pommerat, après Le petit Chaperon rouge en 2004 et Pinocchio en 2008. Le travail de l’auteur metteur en scène sur ces récits mythiques ne s’arrête pas une simple actualisation des œuvres d’origine, mais plutôt à une réappropriation personnelle et à une dynamique d’invention et de réécriture, qui les confrontent au monde d’aujourd’hui.

Dans son Cendrillon, Pommerat s’éloigne du conte moraliste qu’en fait Perrault, et se rapproche, dans une certaine mesure, de la noirceur et de la drôlerie cruelle de la version des frères Grimm. Décapant le conte ancien et le dépouillant jusqu’à l’os, avec humour et profondeur, il réinterroge l’initiation cruelle que s’inflige « Cendrier » une jeune fille en deuil, dans sa nouvelle famille « recomposée ». Sont développées les thématiques, chères à l’auteur, de la mort, la filiation, la culpabilité, le refoulement et leurs faces inversées, la réalisation de soi, le désir, la vie. Donc un Cendrillon éminemment moderne, où il serait question de l’usage du bon travail de mémoire et d’oubli, pour renaître au monde, dans la fleur de l’adolescence…

Notre attention se portera tout d’abord sur la partition écrite pour dix personnages et sur la spécificité de la langue théâtrale, que Pommerat -et ses acteurs belges- nous propose dans la pièce, langue contemporaine, hybride, parfois populaire, parfois haute, épurée et musicale, traversée par ses particularismes linguistiques, son jargon wallon et ses idiotismes. Nous nous attacherons à en déceler les rythmes, son style improvisé, ses excès de naturel allant jusqu’au comique grossier, mais aussi son extrême précision. Nous explorerons l’action immédiate de cette langue sur le jeu et sur la composition de figures mythiques et stylisées. Une langue, dans un espace totalement épuré, où se jouxtent sans cesse, violence et tendresse, comique et tragique, poésie et trivialité.