Shams, et les poissons du désert, de Amira-Géhanne Khalfallah | Arnaud Maïsetti (production audiophonique)

mardi 5 janvier 2016


Dans le cadre des ateliers conduits à l’université Aix-Marseille pour les étudiants du secteur théâtre, une pièce audiophonique est chaque année réalisée sous la direction d’un enseignant de la formation. L’enregistrement est ensuite diffusé avec la revue Incertains Regards consacrée aux arts de la scène contemporaine, attachée à inscrire ses recherches dans l’aire méditerranéenne et publiée aux Presses Universitaires de Provence.

Cette année, la pièce audiophonique est dirigée par Arnaud Maïsetti


La pièce : Il s’agit d’une pièce d’anticipation qui se déroule en 2060, entre la France et l’Algérie. Le vent a disparu, comme le soleil. Eric et Marie s’en souviennent mais ne savent plus s’ils l’ont rêvé, comme les guerres et les joies. Sur la mer, Amanar et Anya sur un bateau à la dérive font route vers l’Europe, ou vers le Sahara, comment le savoir ? Les dunes se mélangent avec les vagues, et les migrants inlassablement se perdent, ne savent plus s’ils partent ou reviennent. C’est une longue quête pour des territoires neufs où réinventer une histoire commune. C’est aussi une fable, tissée dans une langue poétique et dépouillée, qui raconte les liens et les blessures qui unissent Français et Algériens. Elle dit aussi la migration comme une invitation à passer la frontière, celle des pays et des imaginaires. En arabe, Shams veut dire le soleil. C’est un mot féminin.


Extrait :

Marie : Le vent, le vent, on ne parlait plus que du vent. Du vent, on en mettait partout, dans notre assiette, dans notre sommeil, dans nos rêves, dans nos maisons, dans nos guerres, dans nos espoirs.
La guerre du vent. La paix du vent. Le froid du vent. La faim du vent.
Éric : Il ne nous reste plus rien alors.
Marie : Plus rien.
Éric : Sauf Shams.


L’auteur : Amira-Géhanne Khalfallah est née en Algérie où elle vit jusqu’en 2007 avant de s’installer au Maroc. Diplômée en biologie cellulaire et moléculaire, c’est pourtant vers le journalisme qu’elle s’oriente en 2001, dans le domaine culturel, notamment en littérature et arts plastiques. Elle écrit sa première pièce de théâtre, Le Chant des coquelicots, lors d’une résidence d’écriture aux Francophonies de Limoges en 2005. Sa deuxième pièce, Les Désordres du violoncelle, est créée en 2012 par la compagnie "Éclats de scène" et coproduite par le théâtre des Carmes en Avignon. Ce texte qui aborde le double enfermement des femmes en temps de guerre questionne le rapport de celles-ci à l’espace public dans le monde arabe. Elle creuse davantage ces inégalités en mêlant à volonté magie et surnaturel sur le ton de la farce avec Les Draps, un travail soutenu par le Théâtre de l’Aquarium Cartoucherie Paris et la Fondation Beaumarchais, et par le dispositif « Dramaturgie Arabe » à la Friche Belle de Mai en 2013.


Interprètes : Anaelle Bocci, Catherine Laouenan, Guillaume Lauro-Lillo, Coraline Leroy, Armande Mazzoni, Renaud Pellegrino, Margot Vincent, Claire Viscogliosi, Maelys Zucchi,

Montage & mixage son : Paul Fourure
Musique : Alice Mesnard

— Une lecture dirigée par Arnaud Maïsetti, Maître de conférences en Arts de la Scène.
— Supervision et accompagnement technique par Antoine Gonot, Maître de conférences en Sciences et Techniques de l’Image et du Son.