Neuf petites filles de Sandrine Roche | Carole Errante

vendredi 13 septembre 2024


— Représentations : du 10 au 14 mai 2022, Théâtre Antoine Vitez


 
 Le projet est jubilatoire. Une bande de petites filles perverses, cruelles, effrayantes et drôles jouent à s’inventer des histoires. Des histoires féroces, des histoires d’adultes, de femmes, de fantasmes, de sexualités dans un langage lapidaire et métronomique. Poésie du quotidien et langage de l’oralité. On joue à être et finalement sans doute le devient-on… Excédant tout mimétisme, cette œuvre met en langage une violence qui dévoile une vision asphyxiée de la femme telle qu’elle est inculquée en ces jeunes êtres.
Pour ces Neuf petites filles de Sandrine Roche, j’attends en fait dix-huit actrices.
Dix-huit à expérimenter cette composition textuelle et physique en saisissant à bras le corps l’énigme que l’autrice nous propose.

Sandrine Roche décrit elle-même son écriture comme « une matière physique qui appelle à une compréhension sensitive et émotionnelle avant d’en passer par la médiation du sens ». Cela fait écho à mes propres recherches qui articulent danse et théâtre et se fondent sur une poétique de la présence, aussi un formidable terrain de jeu et d’expérimentations s’annonce-t-il…. Au-delà ou en deçà du corps du texte, nous guetterons ce que renvoient et projettent les corps des actrices sur le plateau dans leur mise en présence les unes par rapport aux autres. Car n’est-ce pas au travers des corps, dans ce qui passe et se passe entre les êtres, que se tisse et se révèle notre rapport au monde ?

J’ai du mal, pour l’instant, à formuler davantage les enjeux précis de cette proposition car il s’agit d’un texte organique qui, je le pressens, ne se laissera véritablement approcher et saisir qu’au travers de l’engagement physique d’actrices-gymnastes. Un engagement dans l’énonciation comme dans les figures acrobatiques qui y font scansion.