Échos, d’après Les Bacchantes | Marie Lelardoux
vendredi 13 septembre 2024
— information pratiques
— présentation du projet
— Images du spectacle
— Mise en scène Marie Lelardoux
— Représentations : du 28 février au 4 mars 2022 au Théâtre Antoine-Vitez, d’Aix-en-Provence
— Texte : Les bacchantes d’Euripide (Traduction : Jean et Mayotte BOLLACK, pour les Éditions de Minuit
— Assistanat à la mise en scène : Juliette JOUANDON, Romane STELLATELLIT
— Régisseuse lumière et son : Antoine PETIT, Charline FABRI
— Scénographie : Sabah GULLILI, Louise MIRAN, Timothée OLIVE
— Assistant.e.s à la couture : Ombeline DAUBY, Bulle CHAUVAUD, Anna PORRET, Lucie ESCANDE, Timothée OLIVE, Louise MIRAN
— Production/Médiation/Communication : Morgane RACON
— Avec : Camille Boidin, Lucie Escande, Laora Gabert, Noah Grand, Lou Laurent, Hanna Marzolf, Anna Porret, Maurine Boulaya, Manuela Castano, Marion Challet, Thelma Ferrari, Alric Gaudin, Lisa Marcelin-Gabriel, Emma Martin, Elsa Taubaty, Cassiopée Barazzutti, Léo Barret, Esteban Chatzopoulos, Daniel Detallante, Justine Dubus, Ilian Nagelli, Margaux Revelin, Marthe Ternoy.
Tout d’abord, envisagez un tout scénique composé d’une grande équipe, dont vous faites partie et avec laquelle vous allez pétrir un espace physique et sonore, composé de mots, de voix, d’objets, de vos présences. Oui, l’état de présence est le commencement. De là, fouiller jusqu’à l’origine de la parole, chercher sa ‘juste’ source, ses gestes aussi (via des ‘techniques’ par lesquelles l’acteur.rice se laisse traversé.e et, finalement, révélé.e). Lors de chaque instant scénique, ressentir la coprésence de l’interprète et de sa source, de la forme et du fond, du signifiant et du signifié. Nous ne prendrons rien pour acquis, ni les mots, ni nous-mêmes, ni le rapport au public, ni le dispositif scène / salle. Un travail par tâtonnements. Le processus ressemblera souvent à une suite d’intuitions, suivie de déductions, pour parvenir (si tout va bien !) à des évidences. Une fabrication de spectacles comme un travail d’enquêtes : aller dénicher ce qui n’existe pas et qui pourtant, quand il survient, semble juste. Le travail consistera en une déconstruction de notre réel et de nos acquis vers une composition.
Notre temps sera compté, nous devrons tout faire en même temps, sans respect de chronologie : nous rencontrer, déduire, chercher, « intuiter », faire apparaître, fragmenter, assembler, questionner, jeter, garder... La création d’un spectacle représente l’invention d’une langue, par un ensemble réuni. Nous aurons donc une responsabilité commune, dans le souci que chacun.e trouve la singularité de son expression. Quel que soit notre ’poste’ sur cette création, nous y mettrons tou.te.s une part de nous-mêmes et une part de nous-mêmes s’y trouvera révélée.
Bon … Après une ode à l’espèce d’équipage que nous formerons sur le bateau de cette création théâtrale, voyons voir quel sera le motif de notre ensemble. Partant de recherches sur l’écart entre la violence énoncée et ses représentations possibles (textuelles, picturales, théâtrales, poétiques, musicales…), c’est avec Les Bacchantes d’Euripide (dans différentes traductions) que nous les appliquerons, avec cette tragédie porteuse d’« un passé édénique, traversé de terribles colères »* . C’est exactement à partir de la fureur et de la méprise d’Agavé que nous explorerons l’œuvre.
En novembre, lors de notre première rencontre, nous lirons la pièce ensemble, puis en choisirons des passages et composerons des tableaux scéniques. Étant entendu que « les poètes tragiques demandaient beaucoup à l’imagination »*, vous serez acteur.rice.s, témoins, narrateur.rice.s et fabricant.e.s de l’activation de cette imagination. Récepteur.rice.s du déchaînement de violence à l’œuvre ici, nous nous en ferons les traducteur.rice.s, les interprètes, dans une alternance de scènes jouées, de récits, de ‘in’, de ‘off’. Nous alternerons terreur et bouffonnerie, suivant le poète Euripide et cet adage, selon Marie Delcourt-Curvers : « Les dieux poussent les hommes à l’abîme ; mais c’est de notre propre abîme, de notre chaos primordial qu’eux-mêmes sont sortis ».
Marie Lelardoux
Les images du spectacles