Journée d’Études | « La Critique, l’origine d’un geste I : les mots pour le dire » (20 octobre 2015)

vendredi 13 septembre 2024


le 20 octobre, à Marseille (ERAC)



Présentation de la journée d’études


L’origine d’un geste

L’enjeu de la critique ne sera pas ici abordé sous le prisme anthropo-historico-sociologique. Nous laissons aux amateurs de monographie le soin d’établir des dictionnaires de la Critique, et aux essentialistes le souci de l’inscrire dans un genre.

Pour autant que nous parlons d’origine, elle ne sera pas le lieu qui détermine un usage, mais un espace de redéploiement – non pas amont, mais appel.

Si le discours originaire est aujourd’hui bien souvent celui qui sert à déterminer une identité figée (nationale, sexuelle, politique), nous proposons une approche qui inscrirait l’origine non comme pratique scripturaire qui choisirait l’invention d’une langue à l’établissement d’un avis, d’une opinion (ces compromis avec soi), mais nous proposons de penser la critique comme pratique de la langue et de soi – celle d’un prolongement mental, comme secousse physique, séisme des épidermes, tremblement rétinien où le corps qui se met à penser réfléchit une activité magmatique, que l’écriture va ensuite, non pas organiser, mais coordonner – critique comme branchement en intensité entre l’œuvre et soi, et la langue et ce qui la renverse, la parole et ce qui la conteste.

Critique comme désœuvrement qui défait ce que l’œuvre voudrait planifier. Critique capable d’inventer des fictions d’identités, et de produire des corps neufs. Contre l’héritage et les crampes mentales qu’évoquait le camarade et néanmoins musicien Italien Luigi Nono, nous affirmons l’acte dénotarié, délégitimé, délégiférant, délirant.

À une critique contrainte, surveillée, objet de protocole de contrôle et de processus d’incarcération (Foucault, Deleuze, and co) prise dans les filets de la ligne éditoriale, dans le surplomb des comités de rédaction, rognée par les annonceurs, défigurée par les fonds de pension… nous appelons à une critique du hors-piste, du coup, du coup bas, du hors-jeu. Une critique guérilla. Faire le coup de main. Soit une critique où l’origine d’un geste pourrait être la réappropriation qui fait barricade, espace de résistance qui fixe et arrête les flux aberrants et incessants qui semblent désormais la loi libérale d’une circulation : barricade qui dresse une ligne de front pour dévisager, barricade qui lève l’espace des insurrections intérieures pour envisager ce qui passe et faire face, barricade qui dresse le who’s there de Marcellus – et qu’on réponde, si on l’ose.

Barricade est cet espace d’incandescence, espace de flamboiement et d’arrêt où la brûlure de soi est le graphite métaphorique d’un engagement et d’une herméneutique du sujet ; soit un clivage radical entre les champions de la communication et leur étendard Hermès et une geste explosive et nietzschéenne, lieu de toutes les combustions.

Cette journée questionnera le jugement, entre autres, histoire de commencer à faire mentir les juges…. Afin que l’herbe pousse.


La Méthode

ce qu’on attend de cette rencontre : une prise de parole et un réel dialogue entre des pratiques différentes, singulières, voire dissemblables.
ce qu’on souhaiterait comme processus  : une parole vive, une oralisation de la pensée, une performativité de l’énonciation.
ce qu’on évitera  : la lecture d’une communication

Protocole : La parole est attribuée pendant 15 minutes à un Parrêsien qui rapporte l’état d’intellection qu’il entretient avec son geste, sa praxis, son territoire d’écriture, sa langue… Il s’agira moins de témoigner de sa fonction de critique, que d’établir les singularités d’une pratique, en prise avec ses propres contradictions et enjeux, en fonction des espaces de prise de parole, des contraintes et des ouvertures…

Ce temps de la Parrêsia est ouvert à une prise de parole dans l’Assemblée pour interrompre et interroger le Parrêsien sur son propos.
Les Agôniques, officiers de cette prise de parole, seront Butel et Maïsetti.

Au terme de ces 15 minutes aura lieu un second temps : le temps de l’Assemblée. C’est le temps d’une discussion commune, du débat contradictoire sur pièces : car, pendant la prise de parole du Parrêsien, un Veilleur aura pris des notes (concepts, termes, mots-clés, noms [termes qui fourniront le matériau constituant à l’issue de la Journée un glossaire…], qui seront ensuite, pendant ce deuxième temps, projeté sur un écran.

La parrêsia : la parole vraie, franche, courageuse.
Le Parrêsien : Celui qui parle courageusement.
Les Agônique : membres détachés à « couper la parole »
Le Veilleur : sujet dévolu à la trace et la mémoire.
L’Assemblée : les présents.


Les Parrêsiens (intervenants)


— Christophe Bident, Professeur, université de Picardie Jules-Verne, CRAE, critique Magazine Littéraire
— Yannick Butel, Professeur, Aix-Marseille Université, LESA, critique à l’Insense-scenes.net, responsable éditorial Incertains Regards, PUP.
— Olivier Neveux, Professeur, université Lyon 2, Passages XX-XXI, critique et rédacteur en chef des Cahiers Armand Gatti et Théâtre Public.
— Nicole Umlauf, Professeur d’études germanistiques
— Louis Dieuzayde, Maître de Conférences, Aix-Marseille Université, LESA comité de rédaction Incertains Regards.
— Christophe Triau, Maître de Conférences, université Paris-Ouest Nanterre, HAR, comité de rédaction Alternatives théâtrales
— Gilles Suzanne, Maître de Conférences, Aix-Marseille Université, ancien rédacteur de La Pensée de Midi, comité de rédaction Incertains Regards, critique à l’insense-scenes.net
— Anyssa Kapelusz, Maître de Conférences, Aix-Marseille Université, LESA, comité de rédaction Incertains Regards.
— Arnaud Maisetti, Maître de Conférences, Aix-Marseille Université, LESA, Site personnel (Carnets numériques), éditeur théâtre Publie.net, comité de rédaction Incertains regards, critique à l’insense-scenes.net
— Jérémy Majorel, Maître de Conférences, université Lyon 2, Passages XX-XXI, critique à l’insense-scenes.net
— Claudine Dussolier, géographe, chercheur, responsable éditorial, transverscité.org et ramimed.ARTS
— Romain Mathieu, département Arts plastiques de l’école des beaux-arts de Saint-Étienne, critique Art Press
— Nil Deniz, critique Les nouvelles Antigones de la méditerranée, site critique babelmed.net.
— France Gobbo, doctorante, Aix-Marseille Université, LESA, sujet de thèse « le langage de l’œuvre, le langage à l’œuvre ». Directeur : Yannick Butel.
— Marie Urban, doctorante, Aix-Marseille université/Hildesheim, co-tutelle franco-allemande, LESA, sujet de thèse : « La freie szene ». Directeur : Yannick Butel
— Chloé Larmet, doctorante, ATER, université Picardie, CRAE, critique à l’insense-scenes.net. Sujet de thèse : « À l’écoute du théâtre contemporain : corps, voix, énonciation ». Directeur : Christophe Bident.
— Malte Schwind, metteur en scène, critique à l’insensé-scènes.net


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