Journée d’Études | Du Reconduit, de l’éconduit – argumentaire

vendredi 13 septembre 2024

Jeudi 9 novembre 2017
09h - 18h
Prolégomènes au colloque international co-organisé par l’Université Libanaise et Aix-Marseille université (LESA EA 32 74)
sur le thème « Combats de la culture, combats pour la culture » (décembre 2017)
En partenariat avec la Formation Avancée et itinérante des Arts de la Rue, FAI-AR
LIEU : à la Cité des arts de la rue,
225 avenue des Aygalades, 13015 Marseille.

À l’évocation du mot « culture », la pensée exprimée dans La Crise de la culture par la philosophe Hannah Arendt re-surgit. Mais plutôt que de revenir sur la dichotomie qu’elle opère entre Nature/Culture, c’est l’argument qu’elle avance pour distinguer, dans la culture, les objets courants usuels et éphémères qui ont une « durée ordinaire » ; des œuvres d’art qui, n’ayant pas de fonction, recouvrent une « immortalité potentielle », une durabilité qui les rend étrangères au monde de la consommation dont la finalité est la satisfaction des besoins humains, sur lequel nous reviendrons.

Si la proposition d’Hannah Arendt est retenue, cette journée consacrée à « Combats de la culture, combats pour la culture » doit nous conduire à cerner « ce pour quoi nous luttons » et qui ne peut correspondre aux œuvres d’art, puisque l’œuvre d’art est étrangère aux besoins quotidiens.
Envisageons alors ce qu’il en est de la culture qui induit des formes de mobilisation, voire de combats.

A priori, le mot « culture » est un concept générique qui aimante un ensemble d’idées essentielles allant du droit à la liberté, de la dignité à l’éducation, de la diversité à une herméneutique de soi, etc.
Soit un mot qui renvoie à l’idéal commun et partagé de ce qui est nécessaire à l’individu en société. Or, force est de constater que cet idéal – en soi politique – a généré des formes qui, nées de la culture, s’incarnent dans des modèles dérivés : culture officielle, industrie culturelle, culture de masse, sous-culture, contre-culture… pour ne citer que les plus évidentes.

Questionner les combats de la culture/pour la culture, c’est donc prendre acte des luttes qui convoquent des phénomènes de dissensus, lesquels sont le reflet d’un idéal qui n’est pas plus partagé que commun. C’est identifier les dynamiques qui restreignent la culture et la diversité culturelle.
Sans doute parce que le mot culture abrite différents enjeux : identités, linguistiques, représentations collectives… articulés à des phénomènes de développements de l’espace sociétal et politique où héritages, traditions, patrimoines, globalisations… dominent et prennent l’ascendance sur des revendications individuelles, des pratiques mineures, des pensées et des gestes marginaux résultats de « singularités quelconques », au sens où Agamben les définit comme indépendantes et autonomes.

Soit, et pour le formuler autrement, une politisation de la culture (expression plus précise que celle de « politique culturelle ») soumise d’une part à un mouvement qui reconduit des invariants structurels ; et d’autre part une pratique idéologique qui éconduit la diversité des constituants culturels que produisent les groupes et les individus, marginalisés, qui vivent dans l’espace social.

Aussi, c’est entre le reconduit et l’éconduit que se développent les combats pour la culture/de la culture, lesquels soulignent un enjeu duel de cohabitation dans le même espace, et souvent une opposition à la domination, voire à l’exclusion. C’est-à-dire une annexion de l’espace. Et si l’espace compte, c’est qu’il est déterminant dans la manière dont les mobilisations prennent place et corps.

Lutter pour la culture ou avancer que la culture se bat, s’entendra donc comme la tentative de faire exister une diversité visible et soutenue. Mais, et ne l’évacuons pas, le double ancrage de l’intitulé de cette journée doit nous permettre de ne minorer aucun des enjeux de celui-ci.

Aussi doit-on concevoir que le « Combat pour la culture » est une entreprise qui doit faire exister la culture dans le développement politique des sociétés ; alors que « Combats de la culture » nous engage à réfléchir sur les singularités qui existent au-delà d’un lissage culturel qui vaut pour la communauté.

Il s’agira donc de prendre la parole sur une lutte commune (combat pour la culture), mais également de faire entendre les désaccords quant aux contenus de la lutte (combat de la culture).

Le combat pour la culture/de la culture procède donc d’un enjeu de mise en scène du Monde, un mit Welt  : un être ensemble au Monde. Gageons dès lors que le reconduit et l’éconduit s’inscrivent dans un rapport dialectique où le goût pour la Culture réfléchira un ensemble et un agencement social fondé, non sur la disparition de la diversité, mais au contraire la revendication de la pluralité.

Par-là, il s’agit peut-être de penser les modalités qui permettent de dépasser certains cadres, certaines limites, certains a priori… de transfigurer la position des uns et des autres et de devenir les familiers de pratiques transverses afin de mettre en échec la « banalité culturelle », et de trouver au Monde un nouveau souffle via une vivacité transesthétique.

Au prisme des arts (théâtre, danse, arts plastiques, musique…), des pratiques artistiques, des lieux de culture, des espaces muséologiques et patrimoniaux articulés aux flux des publics, leur présence ou leur absence, les propositions et les interventions auront à cœur de traiter, à partir de ce texte programmatique, les enjeux de socialisation et de médiation à travers les arts et les pratiques culturelles.

Intervenants

Yvan Tina, cotutelle de thèse AMU/Dallas ; Marie Urban, cotutelle de thèse AMU/Hildesheim ; Evelise Mendes, cotutelle de thèse, AMU/Porto Alegre ; Celia Hassani, cotutelle de thèse AMU/Université Libanaise ; Abdo Nawar, doctorant AMU ; Blau Antonia, cotutelle de thèse Hildesheim/ AMU ; Lübbe Dorothea, cotutelle de thèse Hildesheim/AMU ; Melika Gothe, doctorante Hildesheim ; Lettau Meike, doctorante Hildesheim ; Wegat Heide, doctorante Hildesheim, Claire Saillor, doctorante Hildesheim ; Carlotta Scialdo, doctorante Hildesheim ; Arnaud Maisetti, Maître de conférences en arts de la scène, AMU/LESA ; Gilles Suzanne, Maître de conférences en médiation et esthétique, AMU/LESA ; Anyssa Kapelusz, Maître de conférences en arts de la scène, AMU/LESA ; Marta Isaacsson, Professeur des universités, Directrice du programme Postgraduate, Université de Porto Alegre ; Yannick Butel, Professeur des universités en Arts de la scène et Médiation, AMU/LESA ; Wolfgang Schneider, Professeur des universités, responsable du collège doctoral, en Médiation/Kulturvermittlung, université d’Hildesheim ; Liliane Swydan, Professeur des universités en Médiation culturelle, Université Libanaise ; Jean-Sébastien Steil, Directeur de la Formation Supérieure d’Art en Espace Public, FAI-AR.

Avec la participation des étudiants de Master Médiation culturelle des Arts et Arts de la Scène d’Aix-Marseille Université

Toute la journée, de 9h00 à 18h
Lieu : Cité des arts de la rue, 225 avenue des Aygalades, 13015 Marseille.